Si vous ressentez des symptômes gastro-intestinaux (GI) tels que des ballonnements, des crampes, des nausées, des vomissements ou de la diarrhée pendant vos séances d’exercice physique ou de workout, il est naturel de se demander quelles peuvent être les raisons à cela. Quelques recherches sur Google plus tard, vous vous demandez peut-être : ai-je le syndrome de l’intestin irritable ou du côlon irritable (SII ou IBS) ?
Si vos symptômes vous affectent uniquement pendant l’exercice, il y a de fortes chances que la réponse soit non. Il est important de comprendre la différence entre le SII et la détresse gastro-intestinale induite par l’exercice afin de déterminer les meilleures stratégies pour faire face à vos symptômes.
Examinons tout cela et expliquons pourquoi les symptômes gastro-intestinaux sont courants avec l’exercice intense, quels sont les signes révélateurs du SII et les approches de gestion des symptômes.
1. QU’EST-CE QUE LA DÉTRESSE GASTRO-INTESTINALE INDUITE PAR L’EXERCICE ?
Il est courant que les exercices de haute intensité provoquent des symptômes gastro-intestinaux tels que les ballonnements, les crampes, les nausées, les vomissements ou la diarrhée, en particulier chez les athlètes d’endurance (1). En fait, la détresse gastro-intestinale induite par l’exercice est si courante chez les athlètes de course qu’elle est souvent appelée « estomac du coureur ». Mais elle peut affecter n’importe quel type d’athlète.
Bien que les symptômes décrits ci-dessus soient similaires à ceux ressentis par les personnes atteintes de SII, ils sont généralement temporaires. Et, ils sont directement liés à l’entraînement et n’ont pas d’effets néfastes sur votre santé à long terme (2).
Il existe plusieurs explications physiologiques possibles à ces symptômes désagréables. Une diminution du flux sanguin vers les intestins et un retard de la vidange gastrique peuvent l’expliquer. Car le flux sanguin vers vos muscles est prioritaire lors d’un exercice intense. De plus, les bousculades physiques et les postures spécifiques pendant l’exercice peuvent exacerber davantage la détresse gastro-intestinale.
Nous pouvons tous convenir que les symptômes gastro-intestinaux sont une nuisance désagréable et indésirable. Surtout lorsque vous essayez de pousser votre corps à la limite pendant un entraînement. Mais la bonne nouvelle est que si ces problèmes ne surviennent que pendant l’exercice ; alors, vous pouvez apporter quelques changements simples à votre routine nutritionnelle avant l’entraînement (et pendant l’entraînement pour les athlètes d’endurance) pour les minimiser ou les éviter.
2. QU’EST-CE QUE LE SYNDROME DE L’INTESTIN IRRITABLE (SII OU IBS) ?
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) ou du côlon irritable (SCI) est un trouble gastro-intestinal fonctionnel (3) (4) (5). Ce qui signifie que le tractus gastro-intestinal fonctionne anormalement en raison de la réception de signaux mixtes de votre cerveau.
Votre axe cerveau-intestin sert de lien entre les centres émotionnels et cognitifs de votre cerveau et la fonction intestinale (soit la digestion) (6). Avez-vous déjà senti votre estomac se retourner dans une situation stressante ? Ceci est un exemple de votre axe cerveau-intestin en action et fait partie intégrante de votre réponse au stress.
Cependant, chez les personnes atteintes du SII, la signalisation cérébrale peut devenir erratique et la fonction intestinale est altérée en l’absence d’un facteur de stress sérieux.
Les symptômes du SII comprennent des douleurs abdominales et des modifications des selles (constipation, diarrhée ou les deux), souvent accompagnées de ballonnements et de gaz (3). Le SII est généralement chronique, interfère avec la vie de tous les jours et s’aggrave avec le stress. Ces symptômes peuvent s’améliorer avec un exercice faible à modérée, mais peuvent s’aggraver lors d’un exercice de haute intensité (7).
Bien qu’il n’y ait pas de « remède » pour le SII, il existe une variété d’options pour la gestion des symptômes, notamment des techniques de réduction du stress, l’hypnothérapie dirigée par l’intestin, la thérapie par rétroaction biologique, divers suppléments et médicaments et des changements alimentaires.
Parce que le SII est une maladie chronique qui peut affecter la fonction intestinale en l’absence d’un facteur de stress. Si vos symptômes ne se présentent que pendant l’exercice, le SII n’est probablement pas la cause première.

3. COMMENT FAIRE FACE AUX SYMPTÔMES GASTRO-INTESTINAUX ?
Que vos symptômes gastro-intestinaux se limitent à vos entraînements ou que vous pensiez souffrir du SII, vous pouvez prendre plusieurs mesures pour vous aider à maîtriser vos symptômes.
a. Travaillez avec un professionnel de santé
Si votre trouble gastro-intestinal est lié à vos entraînements, envisagez de consulter un diététicien spécialisé dans le sport pour discuter de la nutrition avant votre entraînement, de l’horaire des repas et de la meilleure façon de tolérer le carburant pendant un entraînement.
La recherche indique que vous pouvez « entraîner votre intestin » à mieux tolérer les nutriments pendant un exercice de haute intensité (8). Dans une étude, les athlètes qui s’étaient entraînés à faire le plein pendant l’exercice étaient deux fois moins susceptibles de présenter des symptômes gastro-intestinaux liés à l’ingestion de liquides et d’aliments que les athlètes qui n’étaient pas habitués à « faire le plein » pendant une séance d’entraînement (1).
Cela indique que leur corps a su s’adapter au fur et à mesure avec de nouvelles habitudes alimentaires mises en place.
De nombreuses autres études suggèrent que la pratique des stratégies de nutrition et d’hydratation peut améliorer leur tolérance (9).
Si vos symptômes interfèrent de manière persistante avec votre vie quotidienne, indépendamment de votre programme d’entraînement, parlez-en à votre médecin.
Vous souffrez peut-être du SII, mais l’auto-diagnostic n’est jamais une bonne idée.

En fonction de vos symptômes, votre médecin voudra probablement effectuer des tests pour écarter d’autres possibilités. Plusieurs maladies graves peuvent présenter des symptômes similaires à ceux du SII, notamment la maladie cœliaque, les maladies inflammatoires de l’intestin (MICI ou IBD) et le cancer du côlon. Ce qui rend un diagnostic complet important.
b. N’arrêtez pas des aliments inutilement
Quelle que soit la cause de vos symptômes gastro-intestinaux, ce n’est jamais une bonne idée de supprimer des aliments sans en parler à un diététicien professionnel. Il y a beaucoup de désinformation sur les sensibilités alimentaires. Et, il peut être tentant de croire que retirer plus d’aliments de votre alimentation sera un remède miracle.
Cependant, bien qu’il y ait une place pour des changements alimentaires sous la direction d’un diététicien pour vous aider à gérer les troubles gastro-intestinaux, il est peu probable que vous ayez besoin de prendre un produit sans produits laitiers, sans gluten, sans sucre ou autre.
Même les cas où des modifications alimentaires sont appropriées, il n’est généralement pas nécessaire qu’il soit noir et blanc. Et, dans les cas où un aliment particulier doit vraiment être entièrement éliminé de votre alimentation, les diététiciens jouent un rôle important en veillant à ce que vous obteniez une nutrition adéquate avec des aliments alternatifs.
Obtenir les nutriments dont vous avez besoin en tant qu’athlète est déjà un défi. Et restreindre inutilement votre consommation de certains aliments peut nuire à votre santé physique et mentale.
c. Nourrissez votre intestin
La recherche montre que les bactéries et les microbes résidants dans nos intestins influencent grandement la digestion ainsi que de nombreux autres aspects de notre santé.
Pour garder votre intestin en bonne santé, il est important de nourrir quotidiennement ces microbes avec des aliments prébiotiques comme les grains entiers, les légumineuses, les fruits et les légumes. Et, de coloniser votre intestin avec les bactéries vivantes présentes dans les aliments probiotiques.
Assurez-vous simplement d’espacer les aliments probiotiques et prébiotiques tout au long de la journée et évitez-les immédiatement avant ou après votre exercice physique. Suivre ces conseils généraux pour la santé intestinale favorisera un microbiome sain et peut vous aider à réduire l’incidence de futurs symptômes gastro-intestinaux.
d. Assurez-vous de manger suffisamment
La pire chose que vous puissiez faire en réponse aux symptômes gastro-intestinaux est d’arrêter de manger suffisamment pour répondre à vos besoins énergétiques. Les athlètes sont généralement sous-alimentés. Ce qui est contre-productif pour la performance et la santé.
Le déficit énergétique relatif dans le sport (RED-S ou Relative energy deficiency in sport) est maintenant plus largement identifié. Ce syndrome explique comment un faible apport énergétique a un impact négatif sous tous les domaines de la santé, y compris la santé gastro-intestinale (10).
Les habitudes alimentaires restrictives peuvent retarder le processus digestif, ce qui peut causer une détresse gastro-intestinale (11). Donc, si vous souffrez de symptômes gastro-intestinaux ou d’estomac de coureur, rappelez-vous que votre corps a encore besoin de carburant.
POUR CONCLURE
Vous connaissez maintenant les symptômes du syndrome de l’intestin irritable et une simple gêne intestinale. Donc, s’il vous arrive d’avoir une gêne au niveau de l’estomac pendant votre séance d’entraînement, n’hésitez pas à en parler à un professionnel de santé spécialisé dans la nutrition sportive et dans le sport.
Travaillez avec un diététicien pour modifier ce que vous mangez et quand vous mangez. Et, assurez-vous de consommer suffisamment d’énergie.
Notez que cela peut arriver et qu’il existe de nombreuses solutions pour y remédier. Mais si ces douleurs venaient à perdurer, consultez votre médecin et réalisez des tests afin d’écarter ou non la possibilité du syndrome de l’intestin irritable.
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J’espère que cet article vous a plu et vous aidera à guérir votre relation avec votre corps et la nourriture. Si vous avez des questions ou des commentaires, n’hésitez à nous laisser des commentaires. Nous serons ravis de vous entendre !
Bibliographie
(1) PRADO DE OLIVEIRA E., BURINI R. C., et JEUKENDRUP A. “Gastrointestinal Complaints during exercise: prevalence etiology, and nutritional recommendations” – Sports MEdicine, 2014, 44(Suppl 1), p. 79-85. DOI: 10.1007/s40279-014-0153-2
(2) MARTIN D. “Physical activity benefits and risks on the gastrointestinal system” – Southern Medical Journal, 2011, 104(12), p. 831-837. DOI: 10.1097/SMJ.0b013e318236c263
(3) AMELI. “Reconnaître le Syndrome de l’Intestin Irritable (ou colopathie fonctionnelle)” – AMELI, 2020, article internet. Consulté le 10/11/2020. https://www.ameli.fr/gironde/assure/sante/themes/syndrome-intestin-irritable/reconnaitre-syndrome-intestin-irritable
(4) IFFGD “Functional GI Disorders” – Internation Foundation for Gastrointestinal Disorders, article internet. Consulté le 10/11/2020.
(5) NIH. “Definition & Facts for Irritable Bowel Syndrome” – NIH, 2017, article, article internet. Consulté le 10/11/2020. https://www.niddk.nih.gov/health-information/digestive-diseases/irritable-bowel-syndrome/definition-facts#IBS
(6) The gut-brain axis: interactions between enteric microbiota, central and enteric nervous systems” – Annals of gastroenterology, 2015, 28(2), p. 203-209. PMID: 25830558
(7) JOHANNESSON E., SIMREN M., STRID H., et al. “Physical activity improves symptoms in irritable bowel syndrome: a randomized controlled trial” – American Journal of Gastroenterology, 2011, 106(5), p. 915-922. DOI: 10.1038/ajg.2010.480
(8) JEUKENDRUP A. E. “Training the Gut for Athletes” – Sports Medicine, 2017, 47(Suppl 1), p. S101-S110. DOI: 10.1007/s40279-017-0690-6
(9) LAMBERT G. P., LANG J., BULL A., et al. “Fluid tolerance while running: effect of repeated trials” – International Journal of Sports Medicine, 2008, 29(11), p. 878-882. DOI: 10.1055/s-2008-1038620
(10) MOUNTJOY M., SUNDGOT-BORGEN J., BURKE L., et al. “The IOC consensus statement: beyond the female athlete triad-relative energy deficiency in sport (RED-S)” – British Journal of Sports Medicine, 2014, 48(7), p. 491-497. DOI: 10.1136/bjsports-2014-093502
(11) DE CAPRIO C., PASANISI F., et CONTALDO F. “Gastrointestinal complications in a patient with eating disorders” – Eating and Weight Disorders, 2014, 5, p. 228-230. DOI: 10.1007/BF03354451
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