Le premier principe de l’alimentation intuitive peut être mal interprété. Donc avant que tout le monde pense que je suis une diététicienne “anti-régime” et que je suis pour manger n’importe comment, je vous arrête tout de suite.
Mon blog et mes messages ne préconisent pas des habitudes alimentaires liées forcément aux objectifs de perte de poids. Sachez qu’en réalité, nous, les diététiciens/diététiciennes, sommes formés pour discuter des habitudes alimentaires médicalement, culturellement et éthiquement appropriées.
Un régime (et je le répète encore !) ce N’EST PAS modifier temporairement vos habitudes alimentaires pour atteindre un objectif à court terme. Un régime est littéralement un modèle d’alimentation. Bien que je soutienne la mentalité anti-régime, je ne suis pas une diététicienne anti-régime lorsque je sensibilise le public.
Dans cet article, je discute de la manière d’abandonner la mentalité de régime. Et comme j’aime le sport, j’ai ajouté un plus pour les sportifs afin que leur performance ne soit pas impactée. Alors, que signifie le premier principe de l’alimentation intuitive quand il nous dit « d’abandonner la mentalité de régime » ?
1. ABANDONNER LA MENTALITÉ DU RÉGIME ?
Abandonner la mentalité de régime ne signifie pas ignorer les habitudes alimentaires (donc régimes alimentaires) spécifiques à la performance (pour vous les sportifs) ou sur le plan médical.
Mais abandonner la mentalité de restriction, de privation et de perte de poids comme mesure ultime du succès dans l’amélioration de la santé.
Le problème est que lorsqu’on ne sait pas comment s’y prendre, on se tourne vers ce qui se fait le plus pour les autres.
Mais un fait important qu’il faut retenir est que tous les corps ne devraient pas et ne se ressembleront pas. Même avec des habitudes alimentaires, un programme d’entraînement, des niveaux de stress et un statut socio-économique similaires. Et, cela va au-delà des types de corps ectomorphes, endomorphes, mésomorphes qui sont bien reconnus dans le domaine de la science de l’exercice.
Les informations sur le microbiome intestinal étant actuellement largement étudiées, les chercheurs découvrent que la santé de vos bactéries intestinales peut également jouer un rôle important dans le poids corporel (1). Ce n’est pas quelque chose que vous corrigez simplement avec des suppléments probiotiques. Car nos microbiomes individuels se forment au cours des premières années de la vie.

2. POURQUOI LA MENTALITÉ DE L’INDUSTRIE DU RÉGIME N’EST PAS UTILE ET PEUT ÊTRE NUISIBLE ?
J’ai écris de nombreux articles concernant les régimes alimentaires des industries de l’alimentation avec les effets d’un régime qui s’appliquent autant pour les athlètes que pour les personnes moins actives et les raisons pour lesquelles les régimes ne fonctionnent pas sur le long terme.
Pour résumer tout cela, vous le savez, c’est principalement la restriction dans ces régimes alimentaires qui ne fonctionnent pas.
La restriction peut sembler différente d’une personne à une autre. Et, les symptômes et les effets secondaires peuvent également varier.
Il est vrai que lorsqu’une personne suit un régime à la mode, elle peut être tellement plongée dans celui-ci, qu’elle a la conviction que cela fonctionne pour elle. Elle soutient les affirmations qu’elle a entendues à son sujet. C’est souvent un effet placebo où elle se sent « en contrôle ». Très peu de gens sont capables de continuer à suivre ces régimes restrictifs à long terme. La plupart doivent souvent reprendre le régime ou essaient d’autres régimes à la mode pour parvenir à perdre du poids qu’ils avaient accumulé dans le passé.
Le gros problème d’une alimentation restrictive pour votre corps est que cela peut ressembler à la famine.
L’objectif principal de votre corps est de vous protéger de la mort. Il va réagir pour tenter de maintenir les niveaux d’énergie. Et, après un certain temps (tôt ou tard selon les personnes), le corps entre dans un type de métabolisme que l’on appelle le « mode survie ».
De plus, de nombreuses réponses biologiques viennent perturber votre métabolisme en réponse à ces restrictions comme l’augmentation de l’hormone de la faim, la ghréline. Ainsi, vous mangez trop ou vous êtes sujets aux fringales pour essayer de rattraper une baisse de la glycémie et des réserves d’énergies faibles.
Vous avez du mal à vous concentrer. Car vos fonctions cérébrales sont diminuées du fait que le cerveau utilise les glucides comme carburant. Il y a une diminution de votre métabolisme (les réactions biochimiques « inutiles » sont arrêtées) et la rétention des graisses est augmentée. Et, cela peut prendre jusqu’à 12 semaines pour se rétablir après la reprise d’un apport énergétique adéquat. Vos niveaux de cortisol (l’hormone du stress) augmentent, ce qui peut être associé à une rétention de la graisse abdominale (2).
Et, bien sûr, 80% des personnes qui perdent du poids avec un régime restrictif le reprennent après un an et ce chiffre augmente chaque année (3).
3. COMMENT ABANDONNER CETTE MENTALITÉ POUR LA PERFORMANCE ?
Si vous n’avez jamais suivi de régime et que vous cherchez à apporter des modifications diététiques pour des performances sportives ou une meilleure forme physique, il sera assez facile de passer à travers ce principe de l’alimentation intuitive. Tant que vous êtes prêts à regarder au-delà des publicités intenses de l’industrie de l’alimentation et des messages d’influence sur le « bien-être » et à vous tourner vers une science solide.
Pour ceux d’entre vous qui ont suivi un régime dans le passé, de façon chronique ou qui sont entourés de personnes qui font régulièrement la promotion ou discutent des régimes, cela peut prendre beaucoup plus de temps. Il est utile de savoir que vous pouvez avoir l’impression d’avoir officiellement abandonné cette mentalité. Puis un évènement de la vie se produit ou une nouvelle saison approche. Et vous avez l’impression d’avoir fait quelques pas en arrière.
Aucun succès n’est linéaire. Alors rappelez-vous qu’il y aura des hauts et des bas lorsque vous réentraînerez votre cerveau et désapprenez vos vieilles croyances et habitudes.
Pour commencez, débarrassez-vous des livres et des magazines qui vous mettent mal à l’aise dans votre corps. Ou qui vous tentent de vous limiter aux nutriments nécessaires. Si vous êtes sur les réseaux sociaux, ne suivez pas les comptes qui vous font vous sentir mal dans votre peau. Ou qui font la promotion de la perte de poids comme la clé du succès pour la santé et la performance.
Après avoir passé des années à regarder ce qu’il se passait et ce qui se faisait en matière de nutrition et de santé, malheureusement la plupart des blogs ou des articles de nouvelles dans les News des journaux populaires ou des tabloïds ne se basent pas sur les résultats des revues et publications scientifiques.
Je suis désolée si je « casse » un peu votre monde. Mais la plupart de ces blogs passent trop souvent à côté d’informations plus utiles. Et ils se focalisent sur une seule chose et souvent, leur recherche de réponses à leur question est déjà biaisé.
Les gens recherchent, sélectionnent, interprètent et favorisent des preuves particulières parce qu’elles soutiennent leurs croyances ou leurs désirs préexistants.
Et, pourtant la Science se veut objective ! La vérité peut être choquante, blessante. Mais c’est la vérité… Beaucoup de personnes ne font pas confiance en la Science pour cette raison. Car les gens pensent que, parce que ça fonctionne pour eux, cela fonctionnera automatiquement pour les autres. Et lorsque la Science leur dit le contraire, ils réfutent ce qu’elle a à dire.
Attention ! Je ne dis pas de faire totalement confiance en la Science. Elle même se être critique. Il faut toujours avoir l’esprit critique car la Science a ses limites. Chose qu’elle admet également.
Tout cela pour vous dire : suivez les professionnels de la nutrition formés sur les réseaux sociaux, les diététiciens et les médecins spécialisés en nutrition afin d’obtenir des conseils crédibles. Ils devraient promouvoir des changements d’habitudes pour la santé et/ou la performance. Et vous éduquer sur les moyens pratiques d’incorporer des repas nourrissants et énergisants plutôt que de fournir des plans stricts.
Supprimez les applications de suivi de régime de votre téléphone. Arrêtez de vous peser tous les jours. Même si cela peut être difficile au début, commencez petit à petit comme tous les deux jours puis trois fois par semaine puis une fois, etc. Ou jetez votre balance à la poubelle ! C’est radical mais vous n’irez pas en acheter une autre, au moins.
4. ET CONCERNANT LA PERFORMANCE SPORTIVE ?
Pour les athlètes, la restriction n’est souvent qu’une partie de la culture du sport. Et vous n’avez peut-être jamais réalisé que les habitudes que vous avez construites ou que vous essayez d’imiter peuvent être problématiques.
Les régimes alimentaires malsains sont plus couramment (mais à tort) acceptés dans les sports d’endurance, les sports où la gestion du poids est importante et les sports basés sur le jugement (par des jurés).
Dans l’espace de l’endurance, les coureurs et les cyclistes sont particulièrement les plus préoccupés par leur alimentation. La lutte et les sports en équipe sont des exemples concernant la gestion du poids. Pour les sports basés sur le jugement, nous parlons de danse de compétition, de plongeon, de gymnastique et de patinage artistique.
Cela n’est pas seulement vrai pour les athlètes de compétition, mais aussi pour ceux qui ont participé à un sport dans le passé. Ou qui font régulièrement partie d’un club de fitness ou qui « baignent » dans l’environnement du sport.
La restriction peut ressembler à :
- La consommation de repas faible en glucides pour tenter de réduire la taille du corps,
- Des entraînements supplémentaires ou un surentraînement (pour éliminer les concurrents). Cela arrive souvent à des moments où vous devriez manger. Ce qui entraîne une consommation d’énergie supplémentaire et un temps insuffisant pour un repas approprié,
- S’interdire de manger de la nourriture pour perdre du poids, avec des nettoyages, le régime cétogène, des protéines uniquement,
- Une forte dépendance aux compléments,
- Des règles alimentaires strictes, …
Cela peut donc affecter négativement vos performances avec pour conséquence : une déshydratation, hypoglycémie, un risque accru de blessure, une récupération plus lente et une réduction de la durée d’attention.
5. LA MENTALITÉ DU RÉGIME FAIT DU MAL AUX AUTRES
La mentalité du régime est nuisible à beaucoup de personnes, même dans votre entourage. Ce que nous voyons dans les médias et sur les réseaux sociaux renforce la conviction qu’un petit corps est « meilleur » qu’un corps plus grand. Ou encore qu’un corps plus petit est en meilleure santé ou plus en forme.
Par conséquent, les gens sont moralement obligés de vouloir travailler sur leur santé, notamment en essayant de la réduire en taille.
En souscrivant aux messages de notre société selon lesquels les corps plus petits sont meilleurs, nous finissons par stigmatiser ceux qui appartiennent à des corps plus grands. Certaines personnes peuvent être plus grandes simplement en raison de la génétique, de leur style de vie, …
De plus, nous n’avons pas tous les mêmes vies ni les mêmes situations socio-économiques. Car travailler sur sa santé nécessite certains privilèges, en particulier ceux liés aux finances.
Lorsqu’il s’agit d’athlètes et d’individus sportifs, il est également néfaste de supposer qu’un corps plus petit a plus de chances de réussir dans un sport ou d’atteindre un niveau de forme physique élevé.
En raison des stigmates culturels des sports tels que la course de fond ou le patinage artistique, les entraîneurs peuvent encourager des troubles alimentaires non seulement chez les athlètes dans un corps légèrement plus grand que ce qu’ils jugent « idéal » mais aussi chez ceux qui répondent à leur idéal dans le but « d’aider » à maintenir leur poids. Mais, qui peut dire qu’un athlète ne serait pas plus performant s’il avait quelques kilos de plus sur lui ?
Et, cette notion s’étend aux athlètes eux-mêmes, quelles que soient les perceptions de leurs entraîneurs lorsqu’ils tentent d’obtenir un type de corps d’athlète qui réussit dans leur sport, avec l’hypothèse que se focaliser uniquement sur le poids est une « meilleure » technique. Cela est même néfaste lorsque les athlètes tentent de prendre du poids. Car ils peuvent le faire avec des habitudes alimentaires malsaines. C’est pourquoi, il leur est souvent recommandé de travailler avec un(e) diététicien(ne) spécialisée dans la nutrition sportive.
Et, n’oublions pas les « anciens » instructeurs et certains coachs sportifs qui partent du principe que tout le monde ne doit faire de l’exercice que pour brûler des calories ou pour perdre du poids.
Cette croyance est devenue nuisible. Et même déconcertante pour celles et ceux qui veulent simplement profiter d’un cours d’exercice ou d’une séance d’entraînement en groupe pour les nombreux autres avantages après l’amélioration des performances et de la forme physique.
Si cette industrie pouvait abandonner la mentalité de régime pour la performance, cela aiderait tous ceux qui aiment le fitness à trouver une relation plus saine avec leurs séances de sport.
L’Alimentation Intuitive n’est pas un comptage obsessionnel des calories ou des macronutriments.
Ce n’est pas non plus peser tous vos aliments à des fins de restriction par rapport à la préparation des recettes. Ni supprimer des groupes d’aliments pour des raisons non liées à l’éthique ou aux allergies alimentaires. Et, il ne s’agit pas de limiter l’alimentation dans le temps.
Avec l’Alimentation Intuitive (4) :
- Vous pouvez choisir la nourriture que vous aimez réellement et la manger,
- Laissez de la nourriture dans votre assiette. Parce que vous êtes pleins et ne jamais devoir la vider parce qu’il y a des gens qui meurent de faim sur cette Terre. Ce n’est pas en vous forçant à manger plus qu’ils vont pouvoir avoir de la nourriture. Soit vous savez quelle quantité vous rassasie, soit vous garder les restes pour plus tard.
- Vous pouvez penser à choisir des aliments nutritifs. Mais ne pas être restrictif ou nerveux au point de manquer de nourriture agréable.
- Vous pouvez enfin faire confiance à votre corps pour vous dire ce dont vous avez besoin.
- Et, profitez d’expériences sociales sans crainte de la nourriture que vous vous êtes « interdite ».
Vous obtiendrez alors (5) :
- Une meilleure estime de soi et une meilleure satisfaction corporelle.
- Une baisse des taux de l’alimentation émotionnelle et des troubles de l’alimentation.
- L’amélioration de la forme métabolique.
- La diminution de la détresse psychologique, généralement associé à une amélioration des niveaux de cortisol (le cortisol lui-même peut nuire à la récupération musculaire et à la santé métabolique).
- L’augmentation de la conscience intéroceptive et une diminution des chances d’utiliser des comportements de contrôle du poids malsains.
- Une amélioration de la santé cardiaque (cholestérol sanguin).
- Une pression artérielle (PA) améliorée, ce qui peut indiquer une diminution du stress.
- Un taux de cholestérol amélioré.
POUR CONCLURE
Voilà pour ce premier principe de l’Alimentation Intuitive. Si vous avez des questions sur la façon d’abandonner la mentalité de régime pour la performance, n’hésitez pas à les déposer ci-dessous ou à nous envoyez un message. Restez à l’écoute pour la suite de cette série concernant les principes de l’Alimentation Intuitive, avec un accent sur le respect de votre santé et de vos performances avec la nutrition.
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J’espère que cet article vous a plu et vous aidera à guérir votre relation avec votre corps et la nourriture. Si vous avez des questions ou des commentaires, n’hésitez à nous laisser des commentaires. Nous serons ravis de vous entendre !
Bibliographie
(1) JOHN G. K., WANG L., NANAVATI J., et al. “Dietary alteration of the gut microbiome and its impact on weight and fat mass: a systematic review and meta-analysis” – Genes, 2018, 9(3), p. 167. DOI: 10.3390/genes9030167
(2) TOMIYAMA A. J., MANN T., VINAS D., et al. “Low calorie dieting increases cortisol” – Psychosom Medicine, 2010, 72(4), p. 357-364. DOI: 10.1097/PSY.0b013e3181d9523c
(3) ANSES. “Évaluation des risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement” – ANSES, 2010, rapport d’expertise collective. https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2009sa0099Ra.pdf
(4) DENNY K. N., LOTH K., EISENBERG M. E., et al. “Intuitive eating in young adults: who is doing it, and how is it related to disordered eating behaviors?” – Appetite, 2013, 60(1), p. 13-19. DOI: 10.1016/j.appet.2012.09.029
(5) SHAEFER J. T., et MAGNUSON A. B. “A review of interventions that promote eating by internal cues” – Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, 2014, 114(5), p. 734-760. DOI: 10.1016/j.jand.2013.12.024
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